“ Le but du partage de mes photographies c’est de faire oublier le mot ”désolation” et de prouver que même si les lieux sont abandonnés, la beauté existe encore.”

Ilan Benattar est un galeriste et photographe d’Hossegor reconnu pour ses photographies de bâtiments repris par la nature. Initié dès son plus jeune âge à la photographie grâce à l’argentique de son grand-père, Ilan commença véritablement la photographie à l’occasion de ses nombreux voyages, parcourant les Etats-Unis, le Canada, Israël ou encore la Grèce et l’Italie. Dans un premier temps féru de portraits, de photographies de rue et de graffitis, il découvrit la magie des lieux abandonnés grâce au street art.

Structures et nature

Ce qu’il apprécie dorénavant ? Les architectures oubliées, la nature qui reprend le dessus, les découvertes insolites, la beauté que dégagent les constructions désolées, le contraste entre constructions et végétations. Il y voit un “contraste brutal entre le passé et le présent”, des endroits où “la nature renaît après le passage de l’Homme”. Cet attrait pour la capture du temps qui passe se remarque aisément dans ses oeuvres, exploitant très souvent la symbiose entre nature et architecture, végétation et matériaux humains. Cette opposition des formes lui donne la sensation de se mouvoir dans des zones figées dans le temps, au silence pesant et au potentiel spirituel prégnant.

Un enseignement : l’humilité

Ilan voit dans les belles bâtisses défraichies au passé glorieux encore visible le “destin du sublime”. Un sublime original qui est retiré tôt ou tard au vestige, formant un rappel à l’ordre à l’humanité : aussi magnifique sois-tu, vestige tu deviendras. La photographie d’urbex revêt alors pour lui un rôle sociétal essentiel : “c’est une façon indirecte de sensibiliser un maximum à la tristesse de ces lieux aussi prestigieux, qui tombent irrémédiablement dans l’oubli.” Ilan répond par ses oeuvres à une double nécessité : témoigner d’un patrimoine désolé et enseigner au spectateur la dure leçon de la vie selon laquelle rien n’est immuable.

Une volonté de témoigner

Cette volonté de montrer ses découvertes se retrouve dans son style photographique. Ilan apprécie les prises de vue symétriques et lumineuses, n’utlisant que les lumières naturelles, et n’utilisant ses photographies qu’en témoignage de ce qu’il a vu. “J’essaye au maximum de représenter en photos ce que je vois réellement.” Une volonté qui fait de ses photographies des témoignages bruts et sans fards, exposant la réalité des matériaux à leur véritable contexte environnemental. Pour toutes ces raisons, le travail en post-production d’Ilan est secondaire, son ambition étant de ne montrer que “l’état naturel et concret du lieu”.

La recherche avant la visite

Mais comme tout bon urbexeur, la visite du lieu n’est pas toujours le plus important. Car Ilan aime la recherche, l’investigation et le temps nécessaire pour découvrir un nouveau bâtiment. Une étape essentielle qui lui prend beaucoup de temps. “Plus le temps passe, plus je me rends compte qu’il y a tellement de choses à découvrir. Le plaisir d’explorer est toujours une nouvelle aventure.”

Une quête existentielle

Ilan est pleinement conscient de l’effet métaphysique que ses oeuvres peuvent avoir sur son public. “La personne regardant des photos d’architecture abandonné se pose toujours des questions existentielles.” Des questions qui poussent le spectateur au même constat que ce photographe de talent lors de ses explorations : l’humilité face au destin du sublime, comme une sorte de rappel à l’ordre de Mère Nature.

Galerie Ilan Benattar

Ilan expose toute au long de l’année ses oeuvres dans sa galerie d’art à Hossegor ainsi que dans de nombreux festivals photographiques.